XServe, ventes, et stratégies commerciales

On apprend ces jours-ci qu’Apple est arrivée 10ème sur le marché des serveurs, ce qui est bien pour une boite qui est partie de zéro y’a quelques années. Notre Grouiky National© nous rappelle à juste titre que si c’est bien dans l’absolu, ça pourrait quand même bien mieux. Et comme il a en plus l’outrecuidance de m’impliquer dans ses propos, je vais argumenter un peu là-dessus, y’a pas de raison.

Je le rejoins donc sur plusieurs points :

– La gamme des XServe, sans être vieille (on a pas des PowerPC 601 dedans quand même) n’a toujours pas de version bi-quadcoeur. Le souci doit tenir dans la production restreinte de ces processeurs, et comme souvent, Apple préfère mettre en avant ses produits pour la création, poussés par le succès de Final Cut Pro. Mais il serait bien qu’elle arrive rapidement en option, ne serait-ce que pour l’aspect marketing ;

– Toujours pas de RAID 5 matériel, et vu qu’il n’y a pas de nappe pour relier les disques à une hypothétique carte, je crois qu’on peut se toucher pour la voir arriver un jour. Ce point cependant pourrait être moins significatif dans les mois à venir, si ZFS fait son arrivée sur Leopard, et que l’on a accès facilement au RAID-Z. Le manque de carte RAID 5 est d’autant plus pénalisant qu’il n’y a que trois emplacements pour disques durs (merci les bouches d’aération), alors que les XServe G4 disposaient de quatre emplacements, ce qui facilitait ‘ach’ment la vie quand on voulait faire du RAID en mirroir avec plusieurs partitions. Là, pas possible facilement, sauf à passer par SofTRAID (qui est très bien, mais ne fait que du RAID 0 ou 1) ou à passer sur une solution RAID matérielle externe, comme… le XServe RAID. Quoi, Apple ne proposerait plus de carte RAID pour vendre sa solution de RAID externe ?

– Il n’y a pas de XServe d’entrée de gamme : tout comme le haut de gamme, l’entrée de gamme est manquante. Je parle pas d’une Dedibox, hein, mais bien d’une version limitée du XServe, taillé pour les petites entreprises qui n’ont pas besoin d’une puissance phénoménale.

En fait, tout cela me fait poser une question plus large. Est-ce qu’il est pertinent de prendre du XServe pour s’en servir uniquement comme serveur Web ? Sans parler des performances, car vu la charge que se prend Mac4Ever et bien d’autres sites pro tournant sous XServe, ça n’a pas l’air de tellement broncher, et les tests en interne d’Apple semblent le prouver.

En réalité, c’est la somme des services disponibles dans Mac OS X Server et leur facilité d’administration qui fait la différence. Si vous souhaitez mettre en place une solution « web only » et que vous connaissez bien Apache, un XServe n’est pas forcément le produit le plus adapté, ou du moins, pas le moins cher : on trouve des tonnes de serveurs sous Linux efficaces et pas chers. En revanche, si votre but est de créer un serveur capable de faire du « groupware », doté de multiples services simples d’administration mais évolutifs, Mac OS X Server est une solution très puissante et vraiment efficace, avec de nombreux et subtils avantages. Je reviendrai d’ailleurs prochainement sur ses possibilités un peu méconnues (stay tuned !).

Pour en revenir au coeur du sujet : oui, les XServe vieillissent, oui, ils manquent d’options, et oui, sûrement qu’Apple ne proposera plus de carte RAID, car le coeur du marché du XServe est la vidéo : le but d’Apple est de vendre des solutions XServe + XServe RAID + XSan + Final Cut Pro. Les XServe ne sont finalement qu’un outil sur un échiquier bien plus grand : la bataille de la création du contenu numérique. Et ça ne va pas se calmer avec l’arrivée du Podcast Producer dans Mac OS X Server 10.5…

8 commentaires sur “XServe, ventes, et stratégies commerciales”

  1. Je vais ici mettre mon petit grain de sel.
    La mauvaise réputation du Xserve comme serveur Web vient de son époque Power PC. A ce moment là, la gestion du couple PHP/SQL était catastrophique et les optimisations abominables.
    Or, selon mes expériences, Apache n’est pratiquement jamais le premier truc qui coince, sauf à avoir un serveur Apache et deux derrière avec les bases de données.
    Ce qui coince en premier, c’est la saturation des accès à la base de donnée.

    S’il était pour l’équipe technique de Macbidouille impensable de balancer le site sur des Xserve G4 ou G5, on a songé à le faire avec des Xserve Intel. Deux choses nous retiennent encore:
    – OS X serveur pour 20%:
    On en a pas besoin du tout pour des services 100% Web (apache php sql quelques stats, maxmedia et postfix). Il alourdit au contraire les configurations, et bouffe qu’on le veuille ou non une partie de la puissance disponible.
    – Les pièces détachées et la garantie pour 80%.
    Si un Xserve ne coûte pas plus cher qu’un autre serveur à capacité équivalente, il n’a une garantie que d’un an là où beaucoup proposent de 1 à 3 ans souvent sur site.
    Mais surtout, il y a le problème des pièces détachées. Lorsqu’on utilise un serveur web, c’est pour faire du 24/7. Je me vois mal en cas de panne le déposer en SAV et attendre un mois… Sinon, Apple vend des lots de pièces, mais à un prix peu raisonnable.
    Donc, pour être certain de ne pas être en rade pendant des jours, il en faudrait deux. Et là d’un coup ça devient plus cher. Pour info, on a une garantie de pouvoir nous faire changer n’importe quelle pièce détachée de l’un de nos serveurs sous 1 heure. Le seul problème qu’on ait eu, était lié à une carte RAID Adaptec très spécifique, plus en stock à cause de RoHs. Il a fallu dans ce cas 2 jours.

    On finit avec le RAID comme tu le dis. Impensable en effet de faire du Web sans RAID 5 matériel, toujours dans une optique 24/7. Et jouer à héberger dans une baie un Xserve RAID, ce serait totalement stupide pour cet usage nécessitant peu de place sur les disques et une hauteur minimale, le paiement se faisant en fonction d’elle.

    En revanche, en Intranet, avec gestion de comptes utilisateurs et transferts de fichiers, le Xserve est largement dans la course pour peu que les administrateurs réseau acceptent de s’y mettre et d’oublier leurs certifications Microsoft, ou de plus en plus souvent Unix.
    Et pour ces derniers, ne leur dites surtout pas que OS X est un Unix. Ils iront 1000 fois plus vite avec leurs lignes de codes qu’avec n’importe quel utilitaire de configuration.

  2. Il est à rappeler que le Xserve G5 n’a jamais existé non plus en bi-coeur. Les quadri-coeurs ont peut-être aussi des petits soucis de chauffe qui sont amplifiés malgré tout par la forme et la configuration interne du Xserve (boîtier plat, tout est étalé sur la longueur, évacuation par l’arrière uniquement de tout l’air qui traverse l’ensemble de la caisse…). En cela un Mac Pro est plus facile à refroidir par sa taille différent et le fait que les différents éléments qui chauffent ne sont pas à la queue leu-leu.

    Concernant l’utilisation d’un Xserve uniquement pour de l’hébergement web, je partage les avis de Guillaume et Lionel. On peut le faire, on peut aussi tout aussi avantageusement faire autrement.

    Concernant le sujet d’origine, il est à noter que TUAW soulève une question rigolote « Combien de ces Xserve tournent-ils en fait sous Linux ? »

    http://www.tuaw.com/2007/06/05/apple-moving-iron-10-server-brand/

  3. Cette discussion est assez intéressante. Je voudrais juste revenir sur quelques point du message de Lionel :

    « La mauvaise réputation du Xserve comme serveur Web vient de son époque Power PC. A ce moment là, la gestion du couple PHP/SQL était catastrophique et les optimisations abominables. »

    Encore faut-il avoir quelques preuves pour être aussi catégorique. J’ai eu l’occasion de faire pas mal de tests à la fac de Lyon (c’est bête, j’ai pas gardé les screens… M’enfin bon). Si pour MySQL, il y a effectivement une bien meilleure optimisation sous Linux (notamment en écriture), nos tests de saturation Apache/php ont montré qu’il sature de toute façon à un nombre tellement élevé de requêtes (cf anandtech), qu’on n’arriverait jamais à maxer le CPU, même avec un gros site Mac. Avant qu’on n’ait 1000/3000 requêtes/s, y’a de la marge… (Bon, après, je sais pas combien fait MB en requêtes pures apache, mais pour le saturer, faut quand même le faire…)

    D’ailleurs, actuellement, la machine de front est un bi-G5 2×2,3Ghz, qui est à 20% de CPU en moyenne le soir vers 17/20H. Donc à 35/40K visites par jour, c’est quand même pas si « abominable ».

    « Ce qui coince en premier, c’est la saturation des accès à la base de donnée. »

    Oui, c’est vrai. Mais tu peux très bien dédier une machine à MySQL. Les solutions Linux sont pas chères pour ça. Ou même éventuellement mettre un XServe Intel…

    « Il alourdit au contraire les configurations, et bouffe qu’on le veuille ou non une partie de la puissance disponible. »

    Alors ça, c’est pareil, faut savoir de quoi on parle. C’est très facile de désactiver un grand nombre de services (même l’interface). A l’heure où je te parle, 20% du CPU de la machine est occupé, 10% à la BDD et 10% à apache. Le reste prend entre 0 et 1% de la puissance, et il reste encore pas mal de trucs à désactiver…

    « – Les pièces détachées et la garantie pour 80%. »

    Pour moi c’est pas vraiment un soucis. Nos XServe n’ont jamais eu un seul pépin et pourtant ça fait déjà bien 3 ans que la plus vieille machine est en service. Mais Apple a jamais été très forte sur les garanties, je te l’accorde. On en reparle à notre premier pépin critique ;-)

    « Impensable en effet de faire du Web sans RAID 5 matériel, toujours dans une optique 24/7. »

    Hum… et pourquoi donc ? C’est quoi ton débit sortant ? On pourrait dire ça si tu avait à faire du stream (genre YouTube !) et que ta BP était bloquée à 1Gbps en continu. Mais même si tu étais en 100Mpbs à fond, un disque suffit largement. Après, si tu parles du risques des données, une sauvegarde incrémentale peut largement suffire, même via le réseau.

    Non, le RAID5, c’est surtout utile sur des sites critiques (de la vente en ligne), ou de gros fournisseurs de contenus. Ou alors si tu as bcp d’opérations en internes qui te bouffent des accès disque (mais bon, sur un site Mac, à part un serveur de pub…). Mais pour du web en dessous de 100K visiteurs par jour, faut pas exégérer ;-)

    Au final, je dirais qu’on gagne surtout au niveau de la maintenance. Et ça vaut toutes les garanties du monde ! Honnêtement, le serveur principal, si on s’en occupe 1H par mois, c’est le GRAND maximum ! Tout fonctionne tout seul, le monitoring est un pur bonheur et tous les outils proposés (notamment la gestion des mails) sont sans commune mesure avec ce qu’on trouve sous Linux.

    Bon après, c’est sur que si tu as à la technique, une armée de geeks sous VI qui recompile son noyau toutes les semaines, ils vont peut-être pas trop aimer. Mais pour moi, les solutions Apple évitent justement d’avoir ce genre de type qui traine dans les baies :D

  4. Pour revenir sur les divers avis et en fonction de mon experience personnelle :

    Je suis en accord avec Guillaume sur le fait qu’il manque un serveur d’entrée de gamme chez Apple. Pour les petites structures, un serveur a base de MacPro avec un OSX Server 10 clients suffirait amplement a une grande partie des installations.
    En grande majorité, la premiere demande c’est pour faire du serveur de fichiers. Mais apres une bonne démo des services proposés, généralement, on arrive au moins a placer les comptes mobiles dessus,les repertoires de départ pour les moins de 10 clients et eventuellement un serveur FTP (on oublie bien sur celui livré avec la version serveur).
    Maintenant, quand on prend un MacPro, avec un ou deux disques, de la memoire et OSX Server 10 Clients, on est au dessus du prix d’un XServe avec certes, peu de capacité de stockage, mais clients illimités. Vu comme çà, il faut voir en fonction des besoins réels du client et de l’evolution possible de son parc. Mais la solution MacPro peut convenir.

    Pour Lionnel, le manque de RAID 5 interne m’a un peu derangé au debut de la commercialisation des XServe Xeon. Depuis des mois on avait un argument de sécurité de données et de maintient de production avec le RAID 5 qu’on a perdu avec les nouveaux serveurs. Maintenant on a du Raid 0 ou 1. Mais avec le recul et apres avoir installé tous les modeles de XServe, des disques durs, j’en ai pas eu un qui a grillé. La seule panne que j’ai eu sur un XServe est une carte mere pour un port ethernet grillé qui a été changée en 24h (c’est vrai que je suis CMAA et que j’ai accès aux pieces rapidement, par obligatoirement comme les mainteneurs de l’AppleCare Premium). Comme depuis le debut, y’a toujours eu deux ports ethernets sur les XServe, y’a eu moyen de se debrouiller pendant les 24h. D’autre part j’ai toujours en standby un PowerMacG5 Quad sur lequel il suffit du plaquer l’image du serveur pour palier a une panne vraiment rude (vive les backups!).
    Bref, j’ai pas a me plaindre de la fiabilité des XServe.

    Et pour rejoindre Grouik sur l’administration et la robustesse du systeme, j’ai eu a faire a un client qui m’a dit l’autre jour n’avoir jamais redemarré son serveur depuis presque trois ans (XServe G4 en serveur interne avec toutes les données dessus, en 10.3.x). Et pourtant, y’a une cinquantaine de macs qui pompent dessus toute la journée…

    Pour mon avis a moi et qui n’engage que moi bien sur, un XServe MacOSXServer permet de repondre a enormement de besoins pour un seul et meme prix. On achete un ensemble de services disponibles qu’on active ou pas en fonction des besoins. Une fois l’investisssement de départ effectué, ce n’est que de la prestation derriere pour faire evoluer les services proposés aux utilisateurs. Tout cela sans aucun cout de licence supplémentaire pour le client. Argument choc pour les financiers, c’est clair !

    Manque juste un environnement collaboratif a la Exchange, mais il parait que la 10.5 repondra a cette attente :-D . A voir…

  5. Juste 2 remarques concernant le raid et la garantie:
    – Concernant le raid et le nombre de disques, on peut très bien installer un Raid 1 et le 3 ème disque en spare avec un réplication du du raid sur ce 3ème disque. De cette façon, si le raid vient à lâcher, on a encore une solution de secours, de toute façon, le raid 5 n’est pas sur à 100% non plus et peut lui aussi claquer à tout moment
    – Pour la garantie, Apple propose l’applecare et en plus si le serveur est si critique, il est possible de prendre un kit de pièce de rechange que l’on peut changer soi-même en cas de panne et remplacer par après avec l’Applecare.

  6. Patrick,

    Le kit de remplacement Apple ne comprend qu’un certain nombre limité de pieces. (sinon ils offriraient une XServe en remplacement ;-) )

    c’est a dire : une carte logique, une matrice de ventilateurs, un bloc d’alimentation et un ventilateur PCI

    Quid d’un processeur qui lache, un disque (mais avec ta config Raid Spare çà tournera) ?

    D’ou coupler l’XServe avec un accord de maintenance avec un revendeur/CMAA, c’est pas une mauvaise idée ( vive la preche pour ma paroisse ! :-D )

    Bon, après, faut en avoir un pas trop loin de chez soi…

  7. Merci à tous de réagir et à Guillaume d’avoir initié le sujet.

    Commençons par Macbidouille.
    On a actuellement 3 serveurs en prod directement:
    – Un qui a deux Xeon 2,6 GHz (les vieux) qui est destiné au site propre et à hardmac.
    – Un presque identique pour les forums
    – Un pour faire tourner les autres services, mails.. et surtout la base de pub Maxmedia qui est incroyablement gourmande en ressources, surtout à cause des statistiques que nous générons.
    (je zappe volontairement les serveurs de redondance et de backup)

    Pour en revenir à la saturation. En fonctionnement normal, on est à des années lumière de saturer Apache, sauf au moment des lives de Keynote. Mais c’est trop ponctuel.
    Sinon, c’est toujours Mysql le maillon faible. Ou plutôt ça l’était lorsque nous avions moins de machines.

    Passons à la fiabilité des Xserve. Elle est en effet excellente, mais ne pas prendre en compte une éventuelle panne ce ne serait pas sérieux. Même à mon cabinet, j’ai une machine de rechange en cas de souci.

    Pour le RAID 5, non ce n’est pas la panacée, et on ne l’utilise pas pour ses débits. Disons que c’est la règle, et surtout le meilleur compromis pour la fiabilité, à savoir pouvoir planter un disque et continuer à bosser sans rebooter, et ne pas avoir besoin de même redémarrer pour reconstruire ensuite le RAID. Ces dernières années, on a claqué deux fois un disque Ultra SCSI. C’est rare, mais ça arrive.
    Accessoirement, notre carte RAID qui a beaucoup de cache a une capacité suffisante pour contenir pratiquement toutes les pages. C’est toujours ça de gagné sur les accès disque.

    Pour OS X, bien entendu, on peut désactiver des services, mais si c’est pour le transformer en Linux, il reste plus cohérent de faire l’inverse, à savoir installer une version Linux de base ce dont tu as besoin.

    Pour la maintenance, je ne m’en charge pas directement, sauf interventions urgentes en baie. Mais elle n’a pas de raison de prendre plus de temps sous Linux que sous OS X serveur, et l’uptime de nos machines n’est lié qu’aux obligations de reboot en cas de patch pour une faille de sécurité, et encore, souvent on ne fait qu’arrêter le service et le relancer.

  8. Panne et Garantie, on peut pousser la logique jusqu’au bout.
    tout comme on partager une baie, on peut se regrouper pour des pièces de spare. un avantage pour les hébergeurs specialisés avec Apple.

    Amicalement,

    Stéphane
    AquaRay

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